FISCHER, GOULD, et bien d'autres

 

Et les autres ...?

Il n'est absolument pas possible de les citer tous . On pourrait certes s'étonner de l'absence de noms bien connus comme Jacques Barraband , Titian Peale , Edward Lear , John Latham ou William Swainson : c'est simplement parce qu'ils figurent dans un prochain article consacré aux "peintres des oiseaux" .
Pour d'autres , il reste des interrogations . Par exemple , pour la perruche de Bourke Neopsephotus bourkii (Gould 1841) , on ne sait pas si ce nom lui a été donné en l'honneur de Richard Bourke (1777-1855) , gouverneur de Nouvelles-Galles du Sud (Australie) de 1830 à 1837 ou de la ville à laquelle il a donné son nom et près de laquelle l'oiseau a été vu pour la première fois en 1835 .
C'est encore plus difficile pour la perruche de Cloncurry Barnardius z. macgillivrayi (North 1900) : son nom latin honore l'ornithologue amateur australien qui l'a découverte à 50 km de la ville de Cloncurry , mais le nom français désigne cette ville et sa rivière , elles-mêmes ainsi nommées du nom de lady Elisabeth Cloncurry , cousine du 1er explorateur de cette région d'Australie .
Le cas d'Henry O. Forbes (1851-1932) est particulier ; si plusieurs oiseaux lui ont été dédiés (Milan , râle , quiscale , pluvier) , son nom n'apparaît plus dans les noms français de 2 estrildidés : Lonchura forbesi est appelé Capucin de Nouvelle-Irlande et Erythrura tricolor longtemps nommé « diamant de Forbes » est devenu Diamant azuvert ( C'est Richard B. Sharpe qui avait trouvé en 1890 dans les collections ornithologiques du British Muséum dont il avait la charge , un spécimen différent de l'espèce-type et l'avait nommé Erythrura tricolor forbesi ; mais cette distinction n'a pu être validée par la suite et l'espèce est finalement restée monotypique mais en gardant longtemps le nom de Forbes ) .

Certains noms sont peu connus car ces naturalistes sont morts jeunes :
- Heinrich Kuhl , l'assistant de Temminck mourut à 24 ans des suites d'une infection du foie contractée à Java ( Lori de Kuhl Vini kuhli Vigors 1824) .
- Richard Böhm , lui aussi allemand , explora la région de Zanzibar et du lac Tanganyika et fit paraître de nombreux articles sur les oiseaux de ces contrées ; il mourut à 30 ans des suites d'une attaque de paludisme . ( Guêpier de Böhm Merops boehmi Reichenow 1882 ) .
- Johann Georg Wagler , un autre allemand , bien que spécialiste des reptiles et des amphibiens , publia une « Monographia Psittacorum » où il décrit l'ara bleu ; il mourut accidentellement à 32 ans en nettoyant son fusil ( Conure de Wagler Aratinga wagleri G.R.Gray 1845 ) .
- le britannique Hugh Strickland était géologue de formation mais il s'intéressait aussi aux oiseaux qu'il collectionnait ( 6000 exemplaires ) ; alors qu'il étudiait des spécimens sur le bas-côté d'une voie de chemin de fer , il est tué à 42 ans par un train express en faisant un bond de côté pour éviter un train de marchandises . ( Shama de Strickland Copsychus stricklandii Motley&Dillwyn 1855 ) .
- Théodor Kleinschmidt mourut lui aussi tragiquement à 47 ans ; ce commerçant allemand après plusieurs faillites était parti récolter des spécimens d'histoire naturelle en Indonésie : il a été assassiné par des indigènes sur l'île d'Utuaia dans l'archipel Bismarck . ( Diamant à bec rose Erythrura kleinschmidti Finsch 1878 ) .

Heureusement la plupart des ornithologues purent mener à bien la totalité de leur carrière . Ce fut le cas de Joseph Steere qui , après avoir voyagé dans de nombreux pays lointains (Amérique du sud , Chine , Taïwan , Amazonie ) , finira tranquillement ses jours à ... 98 ans !

L'ornithologue dont le nom est le plus connu dans le monde entier , alors qu 'aucun oiseau ne le porte , est sans conteste James Bond (1900-1989) : malheureusement pour lui , ce n'est pas pour son oeuvre principale "Guide pratique des Oiseaux des Antilles" mais parce que l'écrivain Ian Fleming , ornithologiste passionné l'avait lu et décida de donner le nom de son auteur ( sans d'ailleurs son autorisation ) , au héros de ses romans policiers !

Pour terminer cet article , il faut citer Johann Bechstein (1757-1822) , non pas parce qu'il a décrit l'ara de Buffon , l'éclectus de Geoffroy ou le loriquet d'Edwards en 1811 ou que des chauve-souris portent son nom , mais parce qu'il est l'auteur en 1795 d'un "Manuel de l'amateur des oiseaux de volière" , sans doute un des tous premiers livres du genre et dont le sous-titre est suffisamment explicite : "Instruction pour connaître , élever , conserver et guérir toutes les espèces d'oiseaux que l'on aime à garder dans la chambre" pour donner aux éleveurs que nous sommes , l'envie de le parcourir * .

René DRUAIS
Juge CNJF-OMJ

* Ses 384 pages peuvent être lues sur Internet en tapant son titre sur Google .